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 Silo 7H36.00 - Silo 7H36.40, diptyque photographique, impression Hahnemühle Photo Rag ultrasmooth 305 g, 22 x 41 cm chaque, 2022

 

 

Silo 7H36.00 - Silo 7H36.40,

 

Sandrine Rodrigues nous propose ici deux images extraites d’un dispositif au départ plus complexe (une installation vidéo) ; elles montrent un silo à grains, une de ces nouvelles cathédrales posées en général dans une campagne remembrée et passée à la moulinette d’une agriculture industrielle. Rien de véritablement pittoresque au sens étymologique du mot (digne d’être peint). La représentation en art s’était déjà largement libérée de cette approche classique du sujet en peinture  au XIXème siècle: Claude Monet, avec ses meules de foin, avait participé à l’apparition de ce nouveau regard et de ces nouvelles pratiques en art qu’on a nommés modernité. Au XXème siècle Bernd et Hilla Becher ont creusé le sillon avec leurs séries de bâtiments industriels.

 

La plasticienne aime brouiller les pistes : peinture, vidéo, dessin et photographie s’intriquent dans son travail pour proposer au spectateur, assigné à un regard lent et contemplatif, une expérience troublante, en quête de sens. La présence matérielle de l’image se révèle et se dérobe à la fois. Le rendu oscille ici entre  peinture et photographie : une matière quasi-picturale liée à la texture du support de projection (un mur de bottes de paille) se conjugue aux techniques contemporaines. Le résultat et le jeu visuel nés du mélange du grain de l’image et des pixels issus de la capture d’écran troublent notre regard.

 

La matérialité équivoque de ces images joue d’une sorte de tautologie vaguement ironique entre le sujet (le silo) et sa fonction que rappelle la paille des moissons. Des réminiscences d’histoire de la peinture (la variation de la lumière chère aux Impressionnistes) s’invitent discrètement dans l’oeuvre. Il nous faut du temps pour comprendre ce que nous voyons ; les différentes pistes que nous explorons nous conduisent finalement sur le chemin de notre propre perception qui ne nous est pas donnée d’emblée mais reste à construire devant les images.

 

Nicole Vitré-Méchain pour Sandrine Rodrigues, mai 2022

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